A la manière de Racine
Texte écrit à l'occasion d'un devoir surveillé de Français en 2008. La consigne était d'écrire une tirade de théâtre sur le thème de l'aveu. J'ai choisi la tragédie, m'inspirant plus que largement de Phèdre.
HIPPOLYTE_Quel châtiment divin dois-je donc m'infliger
Pour me soigner du mal qui ne fait qu'affliger
Le mortel vil et sot que ses yeux créèrent
Et dans un même instant bien vite oublièrent?
Ma soeur pardonnez-moi de vous importuner
Mais depuis quelques jours je suis peu fortuné.
Morphée dans ses bras blancs refuse de m'accueillir,
Et les larmes mes joues ne peuvent recueillir.
Mon esprit je vous jure tenta de l'oublier.
Le mal est trop profond. Je ne peux me plier
Aux décisions que prend le grand roi, notre père,
Je ne peux supporter une telle misère.
Car voyons même si je suis prince héritier
Je peux bien comme un autre inspirer la pitié.
A peine la vis-je que j'oubliais mon nom,
Ma famille, ma patrie et même son prénom!
En un geste elle possède au creux de ses doigts fins
Mon âme. Pensez-vous qu'on doit laisser la faim
Justifier les moyens? Précisez tous vos mots.
Peut-être pourront-ils m'épargner bien des maux.
Je brûle, me consume en un de ses regards.
Est-elle loin de moi que j'ai un air hagard,
L'air ne me suffit plus, la glace m'envahit.
Quelle fut mon erreur pour être tant haï?
De quelle divinité excitai-je la colère?
Saturne? Jupiter? Ou Mars dieu de la guerre?
Une telle bassesse ne saurait être d'eux.
Pour qu'il y ait une lutte, il faut être au moins deux.
Sans nul doute ils m'auraient réservé un combat
Or c'est avec les yeux pour seule arme qu'elle me bat.
Pourquoi ne puis-je point tout simplement lui dire?
Votre ignorance est grande, vous ne pouvez médire.
Mais laissez-moi finir mon aveu douloureux.
Si je garde le silence, si je suis malheureux
C'est parce que mon amour ne peut même effleurer
L'esprit d'un homme droit; cela m'a apeuré.
Ô dieu de l'amour! Et vous tous mes ancêtres!
Pourquoi cette passion qui ne devrait pas être?
Je serai bien chanceux si le roi me renie
Car j'aime, je l'avoue, notre pire ennemie.