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Une plume, des mondes
14 novembre 2013

Nuit ~ Cendres et Neige

Et voici mon personnage principal, Nuit, une prêtresse Gith.

Les Giths sont les descendants d'hommes serpents, les Githyankis, avec lesquels les relations ont dégénéré en guerre par le passé. 

Les Ulaths sont de farouches guerriers à la peau sombre et à la tête ornée de cornes.

 

Nuit new grand

(Avatar de Nuit, issu du travail de l'artiste Rustikuz et modifiée par mes soins)

L’aube se lève sur un jour nouveau, sa pâleur renforcée par le miroir scintillant sur lequel elle se reflète. La mer est calme ce matin, miroir irrémédiablement faussé des émotions qui bouillonnent dans l’esprit qui la surplombe.

La quiétude des lieux, parfois, est rompue par une mouette, mais bien vite le chant des flots reprend ses droits, faisant écouter sa voix de basse aux oreilles suffisamment attentives pour la saisir. 

L’océan, censé être le même en tous lieux, s’avère pourtant si changeant... Nul lien possible entre cette mer d’huile et les horizons brumeux des Vents Salés. Des souvenirs assaillent la mémoire, mais leur netteté est altérée par le poids des années. Le passé est un fardeau dont il n’est nul besoin de se charger, l’avenir offre suffisamment d’embûches à lui seul.

Les herbes hautes caressent la peau diaphane d’une jambe offerte à leur appétit. De longs doigts, en représailles, arrachent parfois un brin malchanceux, jouent un instant avec avant de l’abandonner pour une nouvelle proie. L’esprit est loin de ces considérations, il a déserté le corps. Tout entier tourné sur une image. Entièrement absorbé dans cette représentation. Avide de comprendre enfin cette énigme qui, nuit après nuit, le hante. 

Un soupir échappe à des lèvres parées de rouge. 

Le soleil, soudain, paraît. Sa chaleur délicate réchauffe un peu l’épiderme glacé de la femme serpent. Les êtres à sang froid aiment à paresser sous sa bienveillance.

Ce spectacle néanmoins ne permet nullement d’apaiser le coeur inquiet qui venait quérir ici réconfort. Car le songe est revenu. L’inlassable et perpétuel songe, le rêve qui hante l’inconscient depuis des jours. Il est devenu plus précis que bien des souvenirs, tellement parfaitement gravé qu’il suffit de fermer les yeux pour le faire apparaître.

L’heure est tardive, la nuit loin d’être consommée. Aucun bruit n’est audible sous la neige satinée qui tombe d’un ciel si bas qu’on pourrait espérer le toucher en tendant la main. Tout n’est que blancheur parfaite malgré la pénombre des lieux, la glace brillant légèrement, comme animée d’une lueur propre. Cette luminescence pare chaque chose d’une irréalité éphémère. Pourtant, l’angoisse est présente, au fond des entrailles.

Au loin, de hautes ombres s’élèvent, courbant leurs formes fatiguées vers l’être qui s’approche. Quelques pas permettent de discerner les squelettes décharnés de bâtisses désormais entièrement consumées par les flammes. Tout n’est que cendres et désolation. Parfois, un morceau de tissu chatoyant dépasse d’un tas de neige ou d’une poutre à moitié calcinée, mais nul corps n’est visible. Nul être n’a-t-il donc péri ici ? Une vague de soulagement. Un espoir trop vite avorté.

Car les jambes portent déjà l’esprit vers l’avant, l’entraînent dans une course, de plus en plus rapide, de moins en moins voulue, dératée et désaxée, vers le lieu si attirant, le lieu si redouté. 

Où immanquablement, le visage est présent. Allongé dans la froideur de la neige, le corps repose, désarticulé, ensanglanté. Mais ses yeux demeurent ouverts, fixant sans ne plus le voir, le visiteur qui s’approche. Alors l’horreur saisit le rêveur, agrippe son coeur et le serre si fort, si fort que son courage s’effondre, que sa foi éclate. Le choc est trop violent, la terreur à son comble. Et le coeur déchiré, il se réveille. 

Cendres et Neige.

Une synthèse simple d’un rêve bien trop compliqué. 

A force d’heures de réflexion, le dénouement s’est finalement imposé, si simple... L’esprit a fini par capituler devant l’évidence. A bout de souffle, il a ordonné au corps de trouver Vorus. 

Les nouveaux alliés couleur de Cendres, Ulaths au front fier mais à l’esprit guerrier.

Les anciennes connaissances teintées de Neige, Giths au regard perçant mais à l’humeur trop souvent timorée.

L’alchimie de l’expérience et de la connaissance, la parfaite rencontre de la forme physique et des arcanes magiques, la sublimation des races au travers de la confiance réciproque. 

Ainsi naquit Cendres et Neige, de la solitude désespérée d’un esprit hanté par un songe.

 

Car je connais ce visage qui désormais me hante. Oh oui je ne le connais que trop bien. 

Et plus jamais, je ne veux le voir ainsi.

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