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Une plume, des mondes
14 novembre 2013

Nuit ~ Chute et renaissance

Celui-ci se déroule une dizaine d'années avant l'époque actuelle, au moment de la fuite des Giths loin de leur ville, Lastre, pour échapper aux Githyankis.

 

 

Jour du départ

 

 

Vous êtes vous jamais demandé pourquoi les Githyankis l’ont emporté sur les Giths malgré le pouvoir de Kros, le savoir du Roy et de ses fidèles et le dégoût profond qu’inspire la terre ferme aux hommes serpents ? 

Vous pensez que leur force réside dans leur surnombre ? Dans leur absence totale de compassion ? Dans la magie noire et pernicieuse qui corrompt leur coeur ?

Vous ignorez quelque chose. L’information, voilà le coeur même de leur puissance. Et je connais bien trop de détails pour que tout disparaisse avec moi si je ne devais pas survivre.

 

Je m’appelle Méada, fille de Béolin, je suis bientôt en âge d’être considérée comme une femme, et je crois que je vais mourir.  

J’entreprends l’écriture de ce carnet pour éviter que mon savoir ne s’éteigne avec moi. Je souhaite que la vérité demeure, même si elle n’est connue que d’une personne, même si un seul être tombe sur ce journal. Ma conscience sera plus tranquille ainsi. 

Le soleil est actuellement à son zénith. Sa chaleur me brûle la peau, et le roulis de la mer soulève mon coeur par intervalles réguliers. Peut être mon écriture souffrira-t-elle de cette condition, mais j’ose espérer que mes heures de travail ne seront pas vaines. Maître Kahsyl m’a toujours complimentée sur ma calligraphie fine et régulière. Mais je me dois d’oublier tout ceci. 

Pardonnez-moi, ma plume s’embrouille, aussi vais-je tenter de commencer du début afin que vous, lecteur, puissiez comprendre mon propos. 

Je suis née par une nuit pluvieuse, il y a de cela cent quatre-vingt-quatorze cycles lunaires, d’un Gith issu d’une grande famille et de son épouse. Mon père, Béolin, avait l’oreille du Roy Fradernal, ainsi que sa confiance, gagnées à l’issue de tractations précédant de loin ma naissance. Je ne veux accuser le Roy de se laisser aveugler par la richesse, mais j’ignore sinon ce qu’il aurait pu apprécier chez un être aussi détestable que l’était mon géniteur.

Oh bien sûr, je suis certaine qu’il savait se rendre aussi poli que tout à fait appréciable lorsque cela l’intéressait, mais jamais je n’ai pu le voir sous cet état. A la maison, mon père était orageux et hautain. En société, il m’ignorait ostensiblement, et il me plait de penser qu’il ne se montrait sous son meilleur jour qu’en la présence la plus restreinte et haut placée.

Mais tout ceci importe peu. Cette nuit, j’ai fini par quitter le trou dans lequel je me terrais pour rejoindre la côte, enfin. Juste à temps semblerait-il. Le bateau emmenant les derniers soldats à son bord m’a accueillie sans remarque particulière. Qu’y avait-il à dire pour une vagabonde ? Car nul doute que c’est pour cela qu’ils m’ont prise avec la crasse entassée sur ma peau ces derniers temps, mes vêtements dépenaillés et mon air, je n’en doute pas, hagard. 

Je n’avais pas mangé depuis trois jours que je me terrais dans cette cave obscure de la demeure familiale, et la faim comme la soif me tenaillaient tant que je n’avais, j’en suis sûre, guère un aspect attirant. Pourtant, celui qui semblait être le chef m’a tendu la main pour m’aider à monter à bord, sans faire aucun cas de ma saleté, et a ordonné immédiatement que l’on me trouve nourriture et boisson. 

Après un dernier regard de regrets pour les restes calcinés de Lastre et le château s’élevant encore fièrement à l’horizon, il ordonna le départ. J’ignore notre destination. Je n’ai guère eu encore de contacts pour l’instant avec les soldats et les quelques pauvres hères qui trainent sur le bateau.

Le soleil m’assomme, et mes doigts deviennent gourds. Trop d’heures passées sans sommeil. 

Je reprendrai ce récit lorsque j’en saurai plus sur notre destination, et lorsque mon esprit sera délesté des brumes qui l’empêchent, pour l’heure, de réfléchir clairement. Tout est flou. Tout est trouble.

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